mercredi 31 décembre 2008

Origine du nom de Médéa







Médéa a eu de nombreuses et diverses appellations à cause de la succession de nombreuses civilisations et de peuplades d’origines différentes sur son territoire. Certains affirment que le nom de Médéa vient de Lemdouna, nom de l’une des tribus berbères (Sanhadja) et celui qui en fait partie est appelé El-Medi ou El-Medani, en rapport avec le métier qu’exerçaient dans le temps les habitants de la région, à savoir la fabrication des couteaux que l’on appelait El-Mada.

D’autres disent que l’origine de ce nom remonte à l’époque Romaine durant laquelle elle s’appelait Lembdia, du nom d’une Reine Romaine qui a régné sur la ville au début de l’ère chrétienne. Elle a également pris le nom de Medias ou Admdekes, en raison du fait qu’elle se trouve à mi-chemin entre deux villes Romaines, en l’occurrence Thanaramusa Castra (Berrouaghia) et Sufsar (Amoura). Cette appellation lui a été attribuée en l’an 210, sous le règne de Sibten Sfar.

Une autre légende raconte également que Médéa est un vocable berbère qui signifie l’altitude ou les terres situées en hauteur. Selon le Cheïkh Ben Youcef Sid Ahmed, il s’agit en fait de Mehdia, à savoir, la vieille ville ou l’ancienne ville, que les anges ont édifiée sur l’Atlas Tellien.

Le nom de Médéa se trouve étroitement lié au Titteri, terme qui veut dire en grec le bouc, dont l’image a souvent été reproduite dans les médaillons grecs ainsi que dans la monnaie Tuter. Ceci en ce qui concerne le sens du mot Titteri en grec, quant aux populations locales, elles donnent au terme Titteri ou Itri, une autre signification, à savoir, le froid ou la glace, en raison du climat particulier de la région, en particulier les hauteurs qui dépassent 800 mètres d’altitude. Nous retrouvons également dans la zone Nord de Médéa, une montagne qui porte le nom de Titteri, qui serait en rapport avec la prolifération de troupeaux de chevreaux sauvages.

Le Titteri représentait à l’époque un vaste territoire dont la superficie atteint 50.000 Km carré et qui s’étendait au-delà de Médéa jusqu’à la limite de l’Atlas Blidéen au Nord, et l’Atlas Saharien au Sud, alors qu’à l’Ouest il arrivait jusqu’à Ksar-Chellala, tandis qu’à l’Est, il se rencontrait avec la zone du Hodna (M’sila). Il comprenait en fait trois territoires distincts : le territoire montagneux, le territoire des hauts plateaux et le territoire des plaines.

* Voyage à travers l’histoire de Médéa
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Le voyage à travers l’histoire de la wilaya de Médéa est très riche en épisodes marqués par des merveilles de la civilisation humaine, des victoires héroïques et des événements hautement historiques.

L’histoire a fait de cette ville sa destination et sa demeure, et ce, dès l’aube de l’humanité, partant de l’époque de la préhistoire, à la période romaine, la conquête musulmane et la succession de différentes dynasties sur son territoire, jusqu’à l’époque ottomane et l’invasion française. L’histoire a pris naissance dans cette ville, elle s’est épanouie et s’y est installée pour de bon.

Depuis les temps les plus reculés, la wilaya de Médéa a toujours été le théâtre sur la scène duquel se sont succédées de nombreuses peuplades qui l’on marquée de leur empreinte indélébile et légué de nombreux vestiges qui constituent de nos jours des témoignages et des souvenirs nous permettant de nous replonger à travers Médéa dans l’histoire, à la découverte de ses secrets.

* La période préhistorique
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La wilaya de Médéa a connu l’activité humaine depuis l’âge de la pierre, comme le prouvent les vestiges découverts, notamment les ossements et les outils en pierre qui remontent à une époque très lointaine. D’autres fouilles ont permis de découvrir des instruments de l’époque Aléoutiennes très développés. Il s’agit de divers types de merlins, de fossiles et d’objets de poterie. Ces objets historiques ont été découverts à Oued Besbes et aux alentours de Sidi Chaker. Le cimetière El M’fatha, découvert en 1986, constitue un autre témoignage sur cette importante époque de l’histoire de Médéa. En effet, les archéologues ont mis à jour l’existence à cet endroit, d’une ancienne ville antérieure à l’ère chrétienne. On y a retrouvé des vestiges relatifs à la pratique de croyances et de rites religieux ayant prévalu au sein des sociétés humaines primitives.

* L’époque romaine
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Avant que la domination romaine ne s’étende sur Médéa, cette dernière constituait une partie importante du royaume du Numidie que commandaient des berbères farouchement hostiles à la présence romaine. En effet, le grand chef berbère Takfarinas a dirigé les grandes révoltes contre les Romains, notamment dans la région de Berrouaghia, dont il a fait un point stratégique dans ses plans de bataille.

Médéa est tombée sous l’occupation romaine à la fin du premier siècle de l’ère chrétienne, sous le règne de Sibtem Sfar, suite à quoi, elle a pris le nom de Admedias. Durant cette époque, Médéa s’est transformée en important centre militaire romain et a servi de lieu de résidence à la communauté romaine. Elle a également connu la prolifération de campements militaires romains, comme le prouve la découverte de médaillons militaires portant des inscriptions mentionnant les termes de compagnie et bataillon, termes utilisés dans les campements romains anciens.

A la fin du siècle, Médéa est devenue ville romaine à l’instar de toutes les villes de la Mauritanie Césarienne. Dans ses environs, il a été édifié plusieurs villes romaines à l’exemple de Auzia (Sour-El-Ghozlane) que Septémus Souasjus a érigée en colonie, pour faciliter le passage vers le Sud et vers l’Ouest.

Sur les plaines de Beni-slimane, une autre ville appelée Rapidium a été construite, tandis que l’actuelle Berrouaghia s’appelait alors Thanaramusa Castra. Cette dernière qui avait un caractère militaire, formait avec les autres villes, des points de surveillance de la ville de Médéa qui avait été entourée d’une grande muraille. La ville de Médix a constitué un important maillon de la chaîne des villes remparts romaines contre les attaques des Guitols Sahraouis aux frontières de l’Empire Romain. Les Guitols étaient à l’époque totalement indépendant des Romains...

Le pouvoir romain installé à Médix a subi les attaques des Vandales sous le commandement de Genséric en 409 après J.C. Les Romains ont été alors chassés de la ville, permettant ainsi à la région de jouir d’une forme d’indépendance, du fait que sa soumission au pouvoir Vandale n’avait qu’un caractère symbolique. En effet, ses dirigeants tel que Boukmina le Berbère, sympathisaient avec Genséric et le soutenaient pour se prémunir contre sa tyrannie et sauvegarder leurs intérêts. Toutefois, cette allégeance aux Vandales n’a guère durée longtemps, puisque les Berbères se sont révoltés contre eux, sous la conduite d’Antalas, et ce, jusqu’à la fin du sixième siècle après J.C. C’est à cette date que les Romains Byzantins ont reconquis Médix, qu’ils ont réoccupée jusqu’à l’an 650 après J.C, année qui a vu l’arrivée des premières unités d’avant-garde de la conquête musulmane. Ainsi, la présence étrangère dans cette ville a commencé à être sérieusement menacée et mise en danger.

* La conquête musulmane
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La ville de Médéa a vu l’arrivée des premiers conquérants musulmans victorieux, dès le septième siècle, sous le commandement de Okba Ibn Nafaa El Fihri, Abou Mouhadjer Dinar et Moussa Ibn Nouseir, qui avaient auparavant fait de Kirouan leur capitale, pour les pays du Maghreb ainsi que le point de départ de l’emblème sous la bannière duquel s’est répandue la glorieuse religion musulmane en Afrique du Nord.

C’est ainsi que Médéa s’est retrouvée depuis la fin du septième siècle, dans une ère nouvelle, à l’ombre d’une civilisation musulmane porteuse de nouvelles valeurs et vertus hautement humaines. Néanmoins, au début, les armées conquérantes n’ont pas été facilement acceptées au sein des populations berbères. Bien au contraire, elles ont été confrontées à de rudes combats et à une farouche résistance des tribus locales, qui pensaient qu’il s’agissait encore une fois d’armées colonisatrices, à l’instar des précédentes. Cette résistance était motivée par la volonté de défendre leur territoire et leurs biens contre le pillage et l’usurpation. Ce n’est qu’une fois que les objectifs et la finalité de cette conquête aient été compris, que les tribus berbères ont épousé la nouvelle religion et accepté la présence musulmane, avant de s’identifier à sa noble cause et de contribuer efficacement à son extension dans la région.

La position stratégique de la wilaya de Médéa a fait d’elle une plaque tournante dans la vie politique et économique de nombreuses dynasties musulmanes qui se sont succédées sur son territoire. Médéa est ainsi devenue une ville Rustumide de 787 à 902. A cette époque, le commerce était l’une des principales activités de la région. Il a connu son apogée durant cette période du fait que la ville constituait un carrefour d’échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Andalousie. Au début de l’année 902, les Fatimides Chiites se sont emparés du pouvoir à Médéa, après avoir chassé les Rustumides Kharidjites, suite à une alliance avec la tribu des Sanhadja.

Dans cette conquête, les Fatimides ont eu recours à l’aide des Zirides Sanhadjis, considérés comme étant la tribu la plus capable de combattre la tribu des Zenâtas, concentrée dans la partie Ouest de la région.

Depuis le 10éme siècle, la wilaya de Médéa est entrée sous l’autorité du pouvoir Sanhadji, sous le commandement de Ziri Ibn Menad, qui avait été nommé par le 2éme Khalifa Fatimide Abou El Kassem El Kaim, en qualité de gouverneur de Tihert, en l’an 960. C’est précisément à cette époque, que Ziri Ibn Menad a ordonné à son fils Bologhine d’édifier la ville de Médéa et de prendre El Achir comme capitale. Ce dernier a fait venir les meilleurs maçons, urbanistes et architectes de M’sila et de Tobna, lesquels ont réussi sa conception et sa construction en y édifiant de beaux palais et Hammams. En l’an 970, elle a été gouvernée par Bologhine. Durant le pouvoir des Zirides, la ville a connu un haut niveau de progrès scientifique et social. Elle avait attiré des savants, des poètes et des voyageurs venus de toutes les contrées. La vie religieuse et spirituelle a également connu un rayonnement exceptionnel.

En l’an 984, survient la mort de Bologhine, auquel a succédé son fils El Mansour qui est devenu célèbre par sa sagesse et sa justice dans la gestion du pouvoir et par son action en faveur de la paix. Ce qui n’a pas manqué d’inciter de nombreuse tribus a lui faire allégeance et à lui vouer beaucoup de respect et de considération. Sous son règne, Médéa a connu un essor non moins important que durant les périodes précédentes. Les échos de ce progrès qui ont retenti à travers tous les pays et les dynasties arabes, ont constitué un attrait certain ayant amené de nombreuses délégations et notabilités de Kairouane et Bagdad à en faire leur destination privilégiée, porteuses de présents et de précieux cadeaux à son Émir El Mansour Essanhadji, espérant se rapprocher de lui et bénéficier des sciences et des arts qui faisaient la célébrité de la ville. Le pouvoir de la dynastie des Zirides sur la ville a pris fin au 11éme siècle, avec l’arrivée d’autres peuples, à l’instar des Hilaliens et des Almoravides, commandés par Youssef Ibn Tachfine, suivis des Hafsides, venus au 12éme siècle, sous le commandement d’Abou Zekri El Hafsi, arrivé à la tête d’une grande armée bien équipée pour s’emparer de Médéa, en raison de son prestige civilisationnel et du niveau et de progrès qu’elle avait atteint. Au 13éme siècle, Médéa est tombée sous l’autorité des Meghraoua. En effet, Osmane Ben Yeghmorassen, le roi Zyanide de Tlemcen, s’empara à son tour de la ville, après avoir chassé les Mérinides Ouled Aziz. La principale raison qui a poussé Yeghmorassen à prendre la ville pour cible est sa position en tant que carrefour important pour le déplacement entre l’Est et le Sud. Les habitants de Médéa se sont soumis durant cette période de grande instabilité, à l’autorité de Yeghmorassen qui a réaménagé la ville et reconstruit sa Casbah. Au début du 15éme siècle, la dynastie Zianide de Tlemcen a commencé à chanceler et à connaître des événements dont les effets se sont fait ressentir dans toutes les contrées soumises au règne des Zianides, y compris Médéa. Ainsi, les habitants de Médéa se sont libérés du pouvoir Zianide pour se rallier à l’Émir de Ténès qui était le plus apte, en terme de richesse et de prestige et en raison de sa position géographique, à protéger la ville et à assurer sa gestion.

* L’époque ottomane
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Les pays du Maghreb arabe dont l’Algérie, ont connu de nombreux troubles à partir du 16éme siècle. Les territoires de la rive Sud de la Méditerranée ont été la cible de campagnes coloniales acharnées qui se sont succédées durant cette période, en particulier suite à la chute de Grenade en 1492 et à l’occupation de l’Andalousie par l’Espagne chrétienne. Les desseins de l’Espagne ne se sont pas limités au seul fait de chasser les musulmans d’Andalousie, mais ils s’étendaient au-delà de la Méditerranée, puisqu’elle s’est emparée de Mers El Kebir en 1505, Oran en 1509, Bejaïa en 1510 et enfin Alger. Cette occupation a poussé le gouverneur de la capitale Salem Toumi avec le soutien des notables de la ville à demander secours aux frères Turcs Arroudj et Kheiredine qui s’étaient rendus célèbres par leur force, leur maîtrise des questions militaires et leurs compétences en navigation maritime. Ces derniers venus à la rescousse ont réussi à chasser l’Espagne de la ville d’Alger qui s’est transformée depuis, en régence ottomane sous la direction de Arroudj qui s’est proclamé roi de la ville. Le pouvoir ottoman s’est étendu par la suite à l’intérieur du pays à partir de 1517. Ainsi, Arroudj occupa Médéa après avoir vaincu le roi de Ténès Hamed Ben Abid dans la région de la Mitidja. Il a édifié une université militaire composée de soldats turcs et de quelques ressortissants andalous. Kheiredine a reçu le soutien du Sultan ottoman qui a mis à sa disposition des hommes et des provisions en vue de renforcer sa présence dans la région et d’édifier des bases militaires que les Turcs appellent Touba.

A partir de l’année 1548, Médéa est devenue la capitale du Beylek du Titteri sous l’autorité de Hassan Pacha, fils de Kheiredine Baba Arroudj. Les turcs ont divisé le Beylek du Titteri en quatre territoires appelés Kayedates : La Kayeda du Tell sahraoui, La Kayeda du Tell El Guebli, La Kayeda de Sour-El-Ghozlane et la Kayeda du Sud. Quant à la force militaire dont disposait le Bey du Titteri, elle se composait de : La garde personnelle du Bey qui comprenait 15 M’kahli et 50 Sbaihi. Les délégués de la ville dont le nombre s'élevait à 120 soldats. La force de réserve et l’unité de protection de Sour-El-Ghozlane formées de 30 soldats et de 60 réservistes. Pas moins de 17 Bey se sont succédés à la tête du Beylek du Titteri : Ahcène, Radjeb, Chaâbane, Ferhat, Osmane, Sefta, etc…

Leurs relations avec les populations locales ont oscillé entre la stabilité et le rejet de la présence Turque, notamment par les tribus du Sud.

Le pouvoir ottoman à Médéa, capitale du Beylek du Titteri a rencontré de nombreux obstacles et difficultés dont : La désobéissance permanente et les révoltes successives contre les Turcs qui ont échoué dans leurs assauts visant le Sud Algérien… Ces défaillances dans la façon de gouverner ont conduit l’administration turque à revoir le système d’organisation du Beylek du Titteri qui a été amputé des territoires de Bouira et de Tablat. La superficie du Beylek ainsi réduite, a été divisé en plusieurs parties appelées Aoutan dont certains étaient commandés par Agha El Arab et d’autres par des Khodja El Kheil qui sont membres du Diouane et responsables financiers. Les tribus se sont fixées dans trois principales zones du Titteri. La tribu des Beni-Hassan s’est installée dans le haut Tell et s’est adonnée principalement à l’agriculture en raison de sa nature stable. Le bas Tell a été occupé par les tribus nomades du Sud qui sont les Douaïrs et les Ouled Hamza. Le Tell du Sud a accueilli les tribus nomades des Ziana Abadlia, Ouled Naïl et Ouled Sidi Aïssa.

Ces tribus ont été soumises à diverses formes d’impôts, comme elles étaient contraintes à des servitudes pour le compte du Dey. A cette époque, Médéa versait une Zakat sur le cheptel au trésor public (Beït El Mel), alors que le montant de l’impôt global que versait le Bey du Titteri était estimé à 76.000 Dinars tous les trois ans.

Durant cette même période, Médéa a connu un grand essor et a donné beaucoup d’importance à la culture et à l’enseignement. Ainsi, de nombreuses écoles pour filles et pour garçons ont vu le jour et se sont multipliées un peu partout, ce qui a fait reculer l’analphabétisme et contribué à élever le niveau d’instruction et de connaissance chez les populations de la région.

Plusieurs mosquées ont également été construites à travers le Titteri, à l’exemple de la mosquée Mourad relevant du rite Hanafite, la mosquée Sidi Slimane et la mosquée El Ahmer. Un intérêt particulier a été accordé aux anciens édifices de Médéa dont la plupart ont été restaurés, telle que la mosquée El Malki qui a été rénovée par Mustapha Bey. D’autre part, des mausolées ont été réalisés pour abriter les tombes des Saints Marabouts tel que El Ouali Essalah Sidi El Berkani. Quant à la ville de Médéa elle-même, elle a été entourée d’une muraille dotée de cinq portes : Bab Blida, Bab El Gort, Bab Laqouas, Bab Sidi Sahraoui et Bab Sidi El Berkani.

Le dernier Bey ayant dirigé le Beylek de Titteri est le Bey Boumezrag dont le règne a duré 11 ans, entre 1819 et 1830. Durant son mandat, Boumezrag a envahi les tribus du Sud des Ouled El Mokhtar, Ouled Chouaieb et Ouled Fredj. Connu pour ses aptitudes militaires, il a participé à la bataille de Staoueli en 1830. Après la défaite du Dey Hussein et la chute de la capitale, il est retourné à Médéa où il a été surpris par le retournement de la situation et les changements intervenus dans le comportement et l’attitude des populations locales, à l’encontre du régime turc honni, pour avoir versé dans le faste et la gabegie, en plus de la persistance des autorités turcs à alourdir les charges des tribus en impôts et contributions diverses.

Boumezrag s’est retiré de Médéa après que les populations locales se sont emparées de ses biens pour y revenir par la suite et s’y installer jusqu’à la date de la première tentative d’occupation de la région par l’armée française le 22 novembre 1830.

* Période de l’occupation française
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Après la chute de la ville d’Alger au mois de juillet 1830 et la prise du siège du Dey Hussein par les forces françaises, et une fois achevée l’occupation des villes côtières, il était indispensable pour les envahisseurs, de se préoccuper des territoires intérieurs de l’Algérie, en vue d’étouffer les nombreuses révoltes populaires qui se signalaient ça et là et d’y installer des bases solides reposant sur les colons.

Dès que Clauzel a été nommé gouverneur de l’Algérie, il a décidé d’envoyer une expédition militaire en direction de Médéa, dans le but de l’occuper et de punir Boumezrag et son fils ainsi que tous les chefs des révoltes populaires dans cette région. A cet effet, l’armée de Clauzel, forte de 10.000 hommes, ayant pris la route de Médéa le 17 novembre 1830, s’est heurtée à une forte résistance qui l’a obligé à rebrousser chemin. La deuxième expédition ayant tenté de marcher sur Médéa a eu lieu le 19 juin 1831, sous le commandement de Bertozène, qui, à son tour, a lamentablement échoué, comme d’ailleurs celle de Desmichels qui a subit une défaite l’obligeant à battre en retraite. C’est précisément à cette époque qu’est montée de l’Ouest Algérien l’étoile brillante de l’Émir Abdelkader qui tenait à étendre le territoire de son État vers les régions de l’Est. Arrivé à Miliana, en 1835, il y installe son frère Mahiedine comme Khalifa de la ville. Il a ensuite poursuivi son chemin vers Médéa, pour en faire une base de lancement de ses expéditions en direction de l’Est du pays et s’en servir également comme forteresse imprenable chargée de protéger la partie Ouest et son État. L’Émir Abdelkader a désigné Mohamed El Berkani comme Khalifa de Médéa. Mais Clauzel, se refusant à admettre les victoires de l’Émir, a décidé de s’attaquer en 1836 aux tribus qui le soutiennent et de leur imposer comme Bey, Mohamed Ben Hissen. Les sympathisants de l’Émir Abdelkader se sont toutefois révoltés contre lui et ont repris les règnes du pouvoir. A l’issue de leur victoire, ils ont expédié le Bey vers Oudjda (Maroc) où il a été éliminé. Ceci a permis à l’Émir de nommer son frère El Hadj Mustapha comme Khalifa. Lorsque l’État de l’Émir Abdelkader a atteint son âge d’or, Médéa, devenue sa capitale, formait alors avec Tlemcen, Miliana et Mascara, un front face au littoral, qui a constitué un rempart devant l’avancée de l’ennemi qui n’a pas réussi, jusqu’à cette date, à s’en emparer et à progresser vers les autres régions environnantes. La ville de Médéa a néanmoins été l’une des cibles prioritaires faisant partie des visées des différents gouverneurs coloniaux.

C’est ainsi que le gouverneur général Vallet a pris la décision en 1840, de l’occuper définitivement. Pour ce faire, il dépêcha une grande armée avec laquelle l’Émir Abdelkader a engagé une bataille acharnée aux portes de la ville. Suite à cette bataille, Vallet y installa un détachement militaire placé sous le commandement du général Duvivier. Au début de l’année 1841, Bugeaud arrive à son tour à la tête d’une armée lourdement équipée, obligeant l’Émir à se retirer vers le Sud, après avoir été abandonné par les éléments d’El Berkani. Médéa a été ainsi placée sous administration civile à partir de 1850.

A compter de cette date, la voie s’est trouvée grande ouverte devant les vagues successives de colons qui se sont accaparés des biens des populations et de leurs terres les plus fertiles. Ces colons avaient le soutien et la protection des autorités coloniales françaises qui leur ont offert toutes les facilités et les avantages nécessaires à la concrétisation de leur desseins. Les populations locales ont été chassées vers les zones montagneuses difficiles où elles ont aménagés des gourbis et des bicoques de fortune, pour y survivre dans des conditions de pauvreté et de privation extrêmes.

A ces conditions inhumaines, se sont ajoutées toutes les formes de répression et de persécution, que se soit aux plans religieux, culturel ou social. Ainsi, de nombreux symboles de l’Islam et de la civilisation arabe ont été transformés en églises ou en bars, à l’exemple de la Mosquée Hanafite.

Cette politique faite d’injustice et de mépris à l’égard des populations de Médéa, n’a pas manqué de raviver l’esprit de lutte et la volonté de reconquérir la liberté chez les Médéens. Ceci a donné une dynamique au mouvement national qui a intensifié son activité dans la région en rassemblant de nombreux fils de Médéa. Ce mouvement a joué un rôle important dans la mobilisation des citoyens et dans leur sensibilisation à la nécessité de demeurer fidèles aux composantes de la personnalité algérienne. Toutefois, les militants du mouvement national n’ont pas échappé aux arrestations et à la torture dans le cadre des pratiques systématiques des autorités coloniales, qui n’ont pas hésité à dissoudre les partis politiques comme le PPA.

L’action de répression et de poursuite contre les militants révolutionnaires et les cadres du mouvement national s’est accentuée après les événements tragiques du 8 mai 1945.

En effet, à l’instar des autres wilayate du pays, Médéa n’a pas été épargnée et elle a eu son lot de massacres et d’assassinats collectifs. Ces exactions et ces dépassements à l’encontre du peuple algérien ont montré que la voie de la lutte politique était vaine et que ce qui a été pris par la force ne pouvait être reconquis que par la force.

Ce constat a conduit les nationalistes algériens à penser sérieusement à la mise en œuvre d’une action concertée en vue de proclamer le déclenchement de la révolution au mois de novembre 1954, sous la bannière du Front de Libération Nationale et de l’Armée de Libération Nationale. L’avènement de Révolution a eu de larges échos à Médéa qui a spontanément adhéré à la proclamation du 1er novembre et a répondu à l’appel du devoir national.

C’est ainsi que l’action révolutionnaire a commencé dans la région de Médéa par la création de cellules, la collecte des cotisations et des armes ainsi que par la mise en place de nombreuses structures de soutien à la révolution.

Les populations de Médéa se sont mobilisées autour de la révolution, fortement motivées par la volonté de libérer l’Algérie, en engageant la lutte armée et en acceptant de se sacrifier pour que règnent l’indépendance et la justice. Les enfants de Médéa ont été nombreux à rejoindre les rangs de l’ALN et ont pu occasionner à l’occupant de lourdes pertes, non seulement en vies humaines mais aussi en infrastructures économiques, sans compter la destruction de nombreuses structures administratives françaises, y l’incinération des stocks de vins et autres.

Dans le cadre du combat libérateur, Médéa a connu de nombreuses batailles et opérations militaires qui se sont déroulées sur le territoire de toutes les communes de la wilaya, dont le nombre dépassent 1050 opérations militaires, entre accrochages, actes des Fidayine et de sabotage, embuscades et attaques diverses. Parmi ces actions, les batailles de Boulekroun et de Mongorno, en 1958, les batailles de Oued Chérif, de Fourna, de Djebel Elouh, Ouled Snane et Tamouda… Pas moins de 15.000 martyrs à travers la wilaya sont tombés au champ d’honneur pour la libération de la patrie. Ils sont la fierté de l’Algérie dont la terre est arrosée de leur sang valeureux et elle se souviendra à jamais de leurs sacrifices. C’est ainsi que l’histoire de cette ville a été gravée en lettre d’or par de véritables héros, à l’exemple de Si M’hamed Bouguerra de son vrai nom Ahmed Benlarbi Bouguerra, Si Tayeb El-Djoughlali de son vrai nom Tayeb Bouguesmi et d’autres parmi les combattants de notre glorieuse Révolution. En dépit des vaines tentatives permanentes de l’administration française, tendant à isoler la révolution du peuple et à éteindre la flamme du combat, en renforçant ses moyens de répression, notamment par la multiplication des centres de torture, au nombre de 56 centres, au sein desquels toutes les formes de sévices ont été pratiquées, en plus des camps de concentration, des casernes et des tours de surveillance, érigées dans toute la wilaya, en dépit de tout cela, la foi inébranlable de reconquérir la liberté a été plus forte en intensité, et ce, jusqu’à 1962, pour que toutes les régions de la wilaya de Médéa, à l’instar de toutes les autres régions du pays, arrache sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, afin de goûter enfin aux vertus de la liberté, après avoir consenti un très lourd tribut

gaza


ould ramoul ali






Artiste peintre-céramiste, né le 23 mars 1951 à Médéa, il a fait ses études à l’université de Paris8 section arts plastiques, au lycée technique Auguste Renoir section céramique comme cours du soir (sous la houlette du grand professeur Jean Hury) puis au conservatoire des arts et métiers de Paris enfin il a pris des cours de dessins dans une école privée.

Il a travaillé en tant que stagiaire à l’atelier de Marcel Guillot à St Maure dans la région parisienne (de 73 à 78) puis comme professeur de dessin a l’ITE fille de M’salah à Médéa (de 78 à 85) depuis il a son propre atelier !

Spécialiste dans la céramique d’art, décoration de plats, vases et autres panneaux en faïence, il fait également de la poterie et de la peinture à l’huile. Il a participé à plusieurs salons à Paris et à Marseille dont l’année de l’Algérie en France, au salon mondial de la céramique à Valence en Espagne ainsi qu’à plusieurs salons nationaux. Il a obtenu plusieurs prix et médailles.

dimanche 28 décembre 2008

photo_album.reqard sur medea

mohamed ben aissa el berkani


MOHAMED BEN AISSA EL BERKANI : Mohamed Ben Aissa El Berkani est considéré comme étant une personnalité historique et l'une des notabilités de Médéa. Son nom est étroitement lié au chef de la résistance populaire l'Emir Abdelkader. En effet, El Berkani était le Calife de l'Emir et le commandant de ses armées à Médéa. El Berkani est affilié à une famille ancestrale. Selon la légende, cette famille est originaire de " Aberkane " au Maroc, ayant émigré en Algérie, avant de se répartir entre Azazga, Cherchell et Médéa. La première rencontre entre El Berkani et l'Emir Abdelkader a eu lieu en 1835, lorsque l'Emir était venu à Médéa pour l'intégrer à son Emirat. Alors que le gouverneur de Médéa à l'époque Cheikh Moussa El Derkaoui s'était opposé à sa venue, il a été soutenu et aidé par El Berkani lors de la bataille de Ouamri, aux portes du secteur ouest de la ville. Suite à quoi, il a été nommé Calife de Médéa par l'Emir, lequel l'a également chargé de nombreuses missions, dont l'installation de certain Califes dans les Zibans (Biskra), de même qu'il a commandé plusieurs campagnes militaires qui l'ont mené à Sétif, dans les régionsdu Sud,à Medjana et à Zenata. Après l'occupation de Médéa par l'armée française, El Berkani a rejoint l'Emir Abdelkader à Mascara où il a participé à de nombreuses batailles jusqu'à ce qu'il tombe au champ d'honneur dans la fameuse et sanglante bataille appelée : "la catastrophe de la Smala ", en 1843.

mahboub bati


Mahboub Bati de son vrai nom Mohamed El-Mahboub Safar Bati, il est né le 17 novembre 1919 à Médéa, et a fait ses premières études à l’école coranique où il a appris des notions en langue arabe et une partie du Coran. Sa situation sociale l’a poussé dès son jeune âge à travailler comme coiffeur, mais son amour pour l’art et la musique a été plus fort que lui. C’est ainsi qu’il s’est mis à apprendre le solfège auprès d’un artiste juif, en 17 jours. Le premier instrument musical qu’il a pu manipuler est le Cornemuse, avant que ses doigts ne se mettent à jouer du Camendja, El Oud et de la guitare. En 1937, Mahboub Bati se rend à Alger où il rejoint la troupe de Bachtarzi, pour travailler avec l’artiste M’hamed El Anka, le père spirituel de la chanson chaâbi, en même temps qu’il rejoint la troupe de la radio nationale. Grâce à la notoriété qu’il s’est faite dans le domaine musical, il a pu participer à de nombreuses manifestations culturelles et artistiques qui lui ont donné l’occasion de se frotter à des nombreux artistes et musiciens de renommée.

Durant les années soixante, Bati a inventé un nouveau style dans la chanson populaire à laquelle il a apporté des modifications qui ont fait évoluer l’art populaire authentique. Cet artiste créateur s’est initié à la composition par une première expérience avec l’artiste Abderrahmane Aziz dans la chanson « Nedjma ». Durant les années soixante dix, les travaux de Mahboub Bati ont eu un succès incomparable, à tel point que cette période a été considérée comme étant son âge d’or artistique, à travers les chansons de : « El bareh » avec le regretté El-Hadj El-Hachemi Guerouabi - « Rah el ghali » avec Boudjemâa El Ankis - « Sali trach qalbi » avec Amar Ezzahi - « Nest’hal el kia » avec Amar El Achab - « Jah rabi ya jirani » avec Abdelkader Chaou - ainsi qu’avec les chanteuses Seloua, Nadia Benyoucef et autres… Toutes ces chansons ont émerveillé par leurs paroles et leurs mélodies, tous ceux qui ont eu le plaisir de les écouter. Mahboub Bati a quitté le domaine artistique à la suite de sa visite aux lieux Saints de l’Islam pour le Hadj en 1986, et ce, jusqu’à sa mort survenue le lundi 21 février 2000, il a été inhumé le mardi 22 février 2000 au cimetière Garidi de Kouba à Alger. Il a laissé derrière lui un répertoire très riche de paroles, de compositions et de chansons.

abdelkader ferrah


Le scénographe Abdelkader FERRAH de renommé mondiale, né le 26 mars 1926 à Ksar-el-boukhari (Médéa), décédé le 20 décembre 2005 en Angleterre où il vivait avec ses enfants et sa famille. C’est une véritable stature de cette personnalité culturelle qui fut décorée, entre autres marques de reconnaissance, par la Reine Elizabeth d’Angleterre. Un scénographe de talent qui avait planté le décor et choisi les costumes pour le célèbre opéra « Samson et Dalila », d’un réalisateur hollandais et joué à Amsterdam en mars 1952. Un homme culturel doublé d’une politique qui refusa d’être décoré, en 1956, par le ministre de la Culture français en guise de protestation contre l’occupation coloniale de l’Algérie

ali boumahdi



Ali BOUMAHDI, né en 1934 à Berrouaghia fait partie des auteurs appartenant au courant d’inspiration ethnographique qui a caractérisé le roman du début des années 1950. N’ayant écrit que deux romans, l’auteur raconte son enfance dans la ville des Asphodèles, traduction du mot Berrouaghia peignant le milieu traditionnel de l’époque avec ses relations familiales dominées par le pouvoir d’un père tyrannique ainsi que les rapports difficiles qu’entretenaient les autochtones avec le système colonial.


Le premier roman intitulé « Le village des Asphodèles », publié en 1970, fait la description des scènes de la vie quotidienne dans un bourg croulant sous le poids de la colonisation avec son lot d’injustices et de domination. Comme tous ses congénères, le jeune Ali BOUMAHDI fréquentera l’école coranique avant d’aller dans une école française. Ayant puisé ses récits de situations authentiques, l’auteur ne s’est pas départi de sa verve objective pour relater les anachronismes qui caractérisaient les rapports au sein de son milieu, Ali BOUMAHDI n’épargnera pas sa propre famille dirigée par un père autoritaire.


Il rapportera par exemple le mariage d’une fille de condition modeste avec un malade mental parce que la famille de ce dernier était aisée. Se remémorant un voyage qu’il effectua par train en direction de Médéa où il se rendait pour suivre ses études secondaires. Ali BOUMAHDI ne se privera pas d’utiliser un style tragi-comique pour décrire le comportement d’un couple de paysan.


Ceux-ci ayant déposé par inattention leurs affaires sur leur fils, se mirent à le rechercher le long du couloir du wagon en criant. La mère a même failli tomber du train, n’était un voyageur qui l’a rattrapée par un pan de sa robe. Dans son deuxième romain intitulé « L’homme cigogne du Titteri » publié en 1987, Ali BOUMAHDI ne changera pas de thématique et approfondira davantage la description de son milieu familial et de son entourage pour, cette fois-ci, mieux accabler la bourgeoise citadine qui s’est fermée à l’ombre de la politique de construction du socialisme après l’indépendance du pays.


C’est aussi de l’analyse de l’évolution de la société dans ses rapports rural/citadin et la frénésie de la construction qui s’est emparée de la population au cours des dernières décennies. L’auteur situe le cadre de son deuxième roman dans l’ancienne capitale du Titteri (Médéa) dont il donne moult détails sur la vie qui s’y déroule. Décédé en 1994 à l’âge de 60 ans en France, où il exerçait la fonction de principal dans un collège, Ali BOUMAHDI aurait confié à ses proches qu’une fois retraité, il rentrerait en Algérie et s’installerait dans le hameau de ses origines pour se consacrer à l’écriture
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samedi 27 décembre 2008

carte postales anciennes de lodi





carte postales anciennes de berrouaghia





carte postales anciennes de medea





historique de boghar

Boghar, Castellum Mauritanum des romains, qui était d'abord une ferme, fut choisi par Abd-el-Kader pour l'emplacement d'un de ses établissements militaires. EI-Berkani, son lieutenant à Médéa, fit construire, dès le mois de juillet 1839, un fort ayant la forme d'un carré long. Cet établissement devait bientôt disparaître, comme les autres postes créés par l'émir.

Pendant que le gouverneur général détruisait Tagdemt et Maskara, le général Baraguay-d'Hilliers, parti de Blida, le 8 mai 1841, déposait un convoi à Medéa, traversait le pays des Abid, bivouaquait sur l'oued el-Hakoun, et arrivait le 23 en vue de Boghar, incendié la veille par les Arabes qui se retiraient. Nos troupes n'eurent qu'à achever sa destruction. Une redoute fut construite renfermant un hôpital, une caserne, une manutention, le pavillon des officiers et la maison du génie. Le 35ème régiment de ligne s’installa dans ce fort. Bientôt des soldats libérables (après 7 ans de service) et à qui on attribua des petits lots de terre s’installèrent autour du fort. Des commerçants, des ouvriers les rejoignirent et le village de Boghar fut créé en 1844.

En 1843, le duc d’Aumale y avait établi sa base en vue d’expéditions vers les territoires du Sud, qui aboutirent à la prise de la Smala d’Abdelkader à Taguin le 14 mai 1843.

Ce point, qui avait une très grande importance pour les Arabes, n'en a pas une moins grande pour les Français, parce qu'il domine les Hauts Plateaux de la province d'Alger, et surveille les mouvements des tribus nomades ; situé à l'entrée de la vallée par laquelle le Chélif, quittant son nom de Nahr-Ouassel, pénètre dans les terres cultivées, et qui est une des voies de communication les plus fréquentées par les tribus du Sahara, lorsqu'elles viennent dans le Tell, il garde, pour ainsi dire, une des principales portes de la province.

Boghar est devenu le chef-lieu d'un cercle qui relève de Médéa. C'est aujourd'hui une belle redoute bâtie sur la pente rapide des parties supérieures d'une montagne, à 970 mètres d'altitude, à 800 au-dessus du lit du fleuve. Cette grande élévation donne à Boghar de tous côtés d'admirables vues : au Nord, sur tout le Tell et Medéa ; au Sud, sur les vastes steppes que le regard franchit pour s'arrêter seulement à 80 kilomètres de là; aussi l'a-t-on surnommé le Balcon du Sud.

"ce qui plait à Boghar, lorsqu’on vient de parcourir le pays aride et sans eau que je quittais, ce sont les beaux sapins, genévriers et thuyas qui s’y trouvent à profusion et de hautes futaies , ce sont les sources qui s’échappent de tous cotés. Le murmure des eaux, la fraîcheur qu’elles répandent fait éprouver un véritable sentiment de délices à celui qui comme moi a traversé l’espèce de désert des Douairs et des M’Ftatah" écrit Quétin en 1848

vendredi 26 décembre 2008

spahis de medea



Spahi : mot d’origine turque. A l’origine, les « sibahis » sont des cavaliers fournis par les tribus inféodées à l’Empire ottoman qui viennent renforcer les effectifs de Mamelouks (troupes régulières) lorsque l’ampleur des opérations le nécessite.

Ils se payent sur le terrain en pillant les lieux où ils interviennentt et, une fois l’opération terminée, rejoignent leurs tribus d’origine.

Le Dey d’Alger, destitué lors de l’arrivée des Français, dispose de « Sibahis », turcs en grande majorité. Se trouvant sans emploi, ils se rangent en 1830 sous la bannière de Youssouf (1)qui en fait des troupes efficaces et redoutées, contribuant à la conquête de l’Algérie. Le mot, déformé par la prononciation française, devient SPAHI (à noter : le « P » n’existant pas en arabe , il se prononce sBahi).

Les spahis en Algérie

Ces cavaliers recrutés par Youssouf sont d’abord appelés « Mamelouks », puis deux ans plus tard « Spahis ». Leur existence est officialisée par trois textes législatifs :

- une loi de 1831 autorise les généraux commandant les pays occupés à former des corps militaires composés d’indigènes et d’étrangers. C’est la première consécration des tirailleurs, spahis et légionnaires.
- l’ordonnance du 7 décembre 1841 créé un corps unique de cavaliers indigènes. Est ainsi régularisé leur emploi depuis plus de dix ans par le corps expéditionnaire français en Algérie
- l’ordonnance du 2 juillet 1845 crée trois régiments de spahis :

* le 1er régiment de spahis algériens à Alger ; * le 2ème régiment de spahis algériens à Oran ; * le 3ème régiment de spahis algériens à Bône .

Ces formations se couvrent de gloire dans la quasi-totalité des combats qui émaillent la conquête de l’Algérie et contribuent largement au succès des armes de la France.

Citons leurs principales victoires :

* Constantine en 1836 et 1837 ; * Les Portes de fer en 1839 ; * Le Collo en 1843 ; * La prise de la smala d’Abdelkader en 1843 ; * La bataille d’Isly en 1844 ; * Les Aurès en 1846 ; * La prise de Zaatcha en 1849 ; * La prise de Laghouat en 1852 ; * Le Hodna en 1864 ; * La Kabylie en 1871.

Les spahis hors d’Algérie [modifier] 1880 - officier de spahis algériens 1880 - officier de spahis algériens

Né en Algérie, le modèle spahis est repris ailleurs par l’armée française :

En Crimée, en 1854, où Yousouf est chargé de mettre sur pied des escadrons de cavaliers autochtones ;

* en Tunisie, où le 4ème Spahis est formé le 1er octobre 1886. * au Maroc, avec la participation d’escadrons algériens à l’expansion française, puis avec la création, en 1912, de dix escadrons de spahis formés avec les tabors de cavalerie du Sultan du Maroc * au Sénégal, avec une esquisse en 1843, puis une participation effective aux opérations de pacification de 1872 à 1881 ; * et aussi au cours de l’expansion coloniale de la IIIème République où des unités algériennes et marocaines prennent une part active aux campagnes d’Extrême-Orient, d’Afrique et de Madagascar.

Premier conflit mondial

En 1914 existent quatre régiments de spahis algériens encasernés à Médéa, Sidi-Bel-Abbès, Batna et Sfax (en Tunisie). Un 5° régiment est créé lors de la mobilisation générale d’août 1914 ; et un mois plus tard, en septembre, est constituée une brigade de marche à l’aide d’escadrons provenant de toutes les unités. Cette brigade, commandée par le colonel Martin de Bouillon se compose des 1° (lieutenant-colonel Schneider) et 2° (colonel Couverchel) régiments de marche des spahis, qui en août 1915 sont renommés 6° et 7° spahis algériens. Les spahis algériens combattent dès le début des hostilités. Pendant ce temps-là, au Maroc, les autorités françaises réunissent quatre escadrons auxiliaires de spahis marocains et les dirigent sur la France, où, aux ordres du commandant Dupertuis, ils forment le Régiment de Marche de Chasseurs Indigènes à Cheval qui devient, le 1° janvier 1915, le Régiment de Marche des Spahis Marocains (dépôt à Arles). Quant aux escadrons auxiliaires restés au Maroc, ils donnent naissance au 2° régiment de spahis marocains, lequel sert d’unité de relève au 1° régiment alors en première ligne en France, puis, à partir de mars 1917, à l’armée d’Orient où il mène force combats qui, en 1918, l’entraînent jusqu’au Danube et à Budapest. Dans cette ville, le 31 décembre 1918, soit un mois après l’Armistice, lors d’un raid sur le château de Foth, il capture le maréchal von Mackensen et tout son état-major.

Entre-deux-guerres

Durant cette période, le nombre de régiments de spahis est triplé par rapport aux effectifs de 1914.

En 1921, on dénombre douze régiments de spahis :

* 5 en Algérie ; * 4 au Maroc ; * 2 au Levant ; * 1 en Tunisie.

Deuxième Guerre mondiale

De nombreux escadrons de spahis constituent les unités de reconnaissance des formations militaires françaises. En métropole, à la déclaration de guerre sont présentes les :

* 1re brigade de spahis avec le 4e régiment de spahis marocains et le 6e régiment de spahis algériens, stationnée à Compiègne. * 2e brigade de spahis avec le 7e régiment de spahis algériens et le 9e régiment de spahis algériens, stationnée à Vienne et Montauban.

Par la suite, s’y ajoutent :

* la 3e brigade de spahis avec le 2e régiment de spahis marocains et le 2e régiment de spahis algériens.

La part la plus importante dans les combats est prise par les 1re et 3e brigades dans les Ardennes belges, la 3e étant anéantie. La 2e brigade surveille la frontière suisse jusqu’au 9 juin ; le 9e régiment de spahis algériens se distingue par sa résitance du 18 au 20 juin, à Vercel.

1940 - Spahi marocain

Après l’armistice de 1940, une partie du 1er escadron du 1er RSM, commandé par le capitaine Paul Jourdier, quitte clandestinement la Syrie dès le début juillet 1940, pour rejoindre les Britanniques en Palestine. Il est l’une des premières unités de la France libre à reprendre le combat : en Erythrée, puis en Syrie, à El Alamein, en Tunisie ; il se renforce progressivement pour devenir le 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains de la célèbre 2e Division Blindée du général Leclerc.

D’autres régiments sont reformés en Afrique du Nord dans le cadre de l’armée d’armistice, puis, après le débarquement allié de 1942, ils font partie :

* du corps expéditionnaire français en Italie aux ordres du général Juin ; * de la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny,

Aujourd’hui

1962 annonce la fin] de ces formations militaires coloniales. Aujourd’hui, seul subsiste le 1er régiment de spahis stationné à Valence. Il est le dépositaire de toutes les traditions de ses glorieux ancêtres et participe activement aux interventions militaires extérieures menées par la France dans le cadre de ses accords de défense.

Uniformologie

Couleur du burnous

Au début de la conquête de l’Algérie, afin de les distinguer au combat, les cavaliers indigènes utilisés par le corps expéditionnaire français sont vêtus d’un burnous vert, couleur symbolique de l’Islam. L’effectif de ces supplétifs croissant et la teinture verte se raréfiant, on adopte le « gros bleu » des uniformes de l’armée française. Les cavaliers arabes refusent ces burnous bleus qu’ils donnent à leurs esclaves dans leurs tribus. Pourquoi ce refus ? Cette couleur est celle des manteaux des juifs de l’époque ! L’intendance se reporte alors sur la couleur garance utilisée pour les pantalons des fantassins. C’est ainsi que le rouge devient la couleur traditionnelle des burnous des spahis algériens.

En 1917, les spahis marocains sont engagés dans la campagne d’Orient. Très mal équipés, pour se protéger du froid et remplacer leurs vêtements en loques, ils utilisent des couvertures marron et kaki de l’intendance dans lesquelles ils se taillent des burnous. L’intendance propose de leur fournir des burnous réglementaires, mais ils refusent la couleur garance et exigent le bleu nuit qui est la couleur portée par leurs notables berbères. Satisfaction leur est donnée. C’est ainsi que, depuis 1917, les spahis marocains se distinguent des algériens en portant le burnous bleu.

Le « toug »

Au cours de sa carrière de redoutable sabreur, Youssouf, le « père des spahis », a pour monture un magnifique étalon blanc qu’il affectionne particulièrement. Lors d’un combat, l’animal est tué sous lui. Voulant garder un souvenir de ce cheval, Youssouf lui fait prélever la queue et la fait monter sur une lance qui devient son fanion de commandement : le « toug ». À partir de ce moment, une queue de cheval est ajoutée à tous les fanions de commandement des spahis. Au fil des ans, la plupart des unités de cavalerie française adopteront (indûment) cette tradition qui subsiste aujourd’hui. En règle générale, le fanion et la queue qui l’accompagne sont offerts à l’officier qui quitte son commandement, un fanion neuf, en tous points identique au précédent, le remplace.....

Le harnachement des spahis

Le premier Arabe qui utilisa un harnachement fut le prophète Ali, parent de Mohamed. C’était un tapis constitué de six feuilles doubles en feutre, colorées en vert, rouge et bleu : le « tarar ». Par la suite, ce tapis est bordé de cuir et de soie rouge .

Lorsque les sipahis arrivent en Afrique du Nord, ils disposent d’un harnachement turc avec des pommeaux (avant de la selle) et des troussequins (arrière de la selle) très relevés . Ces excroissances sont destinées à maintenir le cavalier dans sa selle lors des charges ou des chocs frontaux avec ses adversaires. Les étriers au plancher large et voûté et aux parois convexes, permettent aux pieds d’être solidement calés . Ils sont suspendus à des cordes en laine tressée. Dans ce Maghreb islamisé depuis le VIIème siècle, les cavaliers locaux utilisent le harnachement arabe ; avec le temps, c’est ce dernier matériel, plus facile à trouver, qui remplace progressivement l’équipement turc des sipahis

mardi 23 décembre 2008

la chanson des gueux (jean_ richepin)

La neige est belle
La neige est belle. Ô pâle, ô froide, ô calme vierge,
Salut ! Ton char de glace est traîné par des ours,
Et les cieux assombris tendent sur son parcours
Un dais de satin jaune et gris couleur de cierge.

Salut ! dans ton manteau doublé de blanche serge,
Dans ton jupon flottant de ouate et de velours
Qui s'étale à grands plis immaculés et lourds,
Le monde a disparu. Rien de vivant n'émerge.

Contours enveloppés, tapages assoupis,
Tout s'efface et se tait sous cet épais tapis.
Il neige, c'est la neige endormeuse, la neige

Silencieuse, c'est la neige dans la nuit.
Tombe, couvre la vie atroce et sacrilège,
Ô lis mystérieux qui t'effeuilles sans bruit

Les moines du monastère de Tibhirine






En 1937, quelques moines trappistes s’installent près de Médéa, à 100 km au sud d’Alger, dans la montagne, au domaine agricole de Tibhirine qui devient l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas. La ferme et les terres sont nationalisées en 1976 mais les moines gardent ce qu’ils peuvent cultiver. Le monastère développe son rôle de ressourcement pour les chrétiens d’Algérie, d’accueil et de rencontres, manifestant l’admirable fraternité qui unit ces hommes si différents et leur désir de participer au plus près à la vie de leurs voisins. Petit à petit, pendant les années 90 marquées par la violence et la détresse, s’est affermie leur décision personnelle et commune de demeurer à Tibhirine quoiqu’il arrive. C’est ainsi qu’ils décident de créer une coopérative agricole avec des villageois pour travailler ensemble ce qui leur reste de jardin et en partager les fruits. Ils prêtent également une salle donnant sur la route pour devenir la mosquée qui manque au village. Leur louange de « priants parmi les priants de l’islam » reflétait confiance, compassion et communion. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept d’entre eux sont enlevés, séquestrés pendant deux mois, puis assassinés :

Christian de Chergé, prieur de la communauté, 59 ans, moine depuis 1969, en Algérie depuis 1971. La forte personnalité humaine et spirituelle du groupe. Fils de général, il a connu l'Algérie pendant trois ans au cours de son enfance et pendant vingt-sept mois de service militaire en pleine guerre d'indépendance. Après des études au séminaire des carmes à Paris, il devient chapelain du Sacré-Cœur à Montmartre. Mais il entre vite au monastère d'Aiguebelle pour gagner ensuite Tibhirine en 1971. Etudiant à Rome de 1972 à 1974, il était très impliqué dans le dialogue interreligieux. Plus tard, il sera l'âme du groupe islamo-chrétien Ribât es-Salâm (lien de paix). Il fut élu prieur titulaire en 1984. Après une première visite d'un groupe terroriste au monastère, sentant combien leur situation était précaire, il avait écrit son testament spirituel. Trois semaines avant son enlèvement, alors qu'il prêchait une retraite, il avait laissé cette consigne : "Ne pas tuer soi-même, le temps [les délais de Dieu], la confiance, la mort [banalisation], le pays, l'autre, l'Église. Les cinq piliers de la Paix : patience, pauvreté, présence, prière, pardon. "

Le Frère Luc Dochier, 82 ans, moine depuis 1941, en Algérie depuis 1947. Celui que l'on appelait "le toubib" était, selon ses propres termes, "un vieillard usé mais pas désabusé". Médecin, il a exercé pendant la deuxième guerre mondiale avant de prendre la place d'un père de famille nombreuse en partance pour un camp de prisonniers en Allemagne. Pendant cinquante ans à Tibhirine, il a soigné tout le monde gratuitement, sans distinction. En juillet 1959, il avait déjà été enlevé par les membres du FLN (Front de Libération Nationale). Il se distinguait par son humour solennel, plein de sagesse, et par ses talents culinaires. Rarement il laissait voir le trésor caché dans son cœur. Quand il entra dans le « club des octogénaires », parlant à ses frères dans la salle de réunion il dit : "Tibhirine a résisté à la guerre, a résisté aux terroristes... c'est mystérieux. Pour ma mort, si elle n'est pas violente, je demande qu'on me lise la parabole de l'enfant prodigue et qu'on dise la Prière de Jésus. Et puis, s'il y en a, qu'on me donne un verre de champagne pour dire à-Dieu à ce monde... avant le Vin nouveau [Journal de Christophe, 30 janvier 94]."

Le Père Christophe Lebreton, 45 ans, moine depuis 1974, en Algérie depuis 1987. Une personnalité chaleureuse et explosive. Septième de douze enfants, ce fils de Mai 68 a fait son service national au titre de la coopération en Algérie. Premier contact avec le monastère de Tibhirine. A 24 ans, il entre au monastère de Tamié. Mais il est amoureux de la terre algérienne. Il y sera ordonné prêtre en 1990 et deviendra maître des novices de la communauté. Écrivain infatigable, guitariste de cœur, poète à toute heure, il était toujours du côté des pauvres et des marginaux. Pendant les dernières années, Frère Christophe tenait un journal dans lequel il nous donne à comprendre la fidélité à Dieu et à l'Algérie qui l'animait.

Le Frère Michel Fleury, 52 ans, moine depuis 1981, en Algérie depuis 1985. Un homme simple pour ne pas dire effacé, mais épris de pauvreté. Membre de l'Institut du Prado, il vécut une dizaine d'années à Marseille, toujours en contact avec le milieu maghrébin. C'était un homme de peu de paroles et un travailleur infatigable. A Tibhirine, il était le cuisinier de la communauté et l'homme des travaux domestiques. Il avait toujours sur les lèvres ces mots : Inch Allah ! (S'il plaît à Dieu !) ; Il offrit sa vie pour l'Algérie et son offrande fut consommée le jour même de son anniversaire : il avait cinquante-deux ans.

Le Père Bruno Lemarchand 66 ans, moine depuis 1981, en Algérie et au Maroc depuis 1990. Il passa son enfance en Algérie où son père était militaire. Avant d'entrer au monastère, il fut directeur d'un grand collège privé en France. Supérieur depuis 1992 de la maison annexe de l'Atlas, à Fès, au Maroc, il se trouvait à Tibhirine le jour de l'enlèvement presque par hasard, étant venu pour participer au vote pour le renouvellement du prieur. C'était un homme très pondéré et très simple. Il s'était préparé à la profession monastique par ces mots révélant la disposition de son cœur : "Me voici devant vous, ô mon Dieu... Me voici, riche de misère et de pauvreté, et d'une lâcheté sans nom. Me voici devant Vous, qui n'êtes qu'Amour et Miséricorde."

Le Père Célestin Ringeard, 62 ans, moine depuis 1983, en Algérie depuis 1987. Son service militaire fait en Algérie le marqua pour le reste de sa vie, car notamment, en tant qu'infirmier, il soigna un maquisard que l'armée française voulait achever. Ordonné prêtre le 17 décembre 1960 (diocèse de Nantes), il exerça son ministère pastoral auprès des marginaux, des prostituées et des homosexuels de la ville. Arrivé à l'Atlas en 1987, il fit profession solennelle le 1er mai 1989. Il avait une grande sensibilité et entrait facilement en relation avec les autres. Organiste, il aimait la musique et était le chantre de la communauté. Après la première visite du Groupe islamique armé, à Noël 1993, il dût être opéré du cœur et son état de santé était très fragile.

Le Frère Paul Favre-Miville, 57 ans, moine depuis 1984, en Algérie depuis 1989. Il entra au monastère de Tamié en 1984, alors qu'il exerçait la profession de plombier. Arrivé à l'Atlas en 1989, il fit profession solennelle le 20 août 1991. Très habile dans tout travail manuel, il était chargé du système d'irrigation du potager du monastère. Le 26 mars, jour de l'enlèvement, il revenait d'un séjour en famille en France, avec une provision de pelles et de pousses de hêtres. Car Tibhirine veut dire "jardin"... Le 11 février 1995 il avait écrit