lundi 23 février 2009

Le Titteri sous les Hammadides


On se souvient que Bologhine ibn Ziri quitta Achir en 973 et qu’il laissa la ville et la province du Titteri à la garde de son fils Hammad ibn Bologhine. Mais à la mort de son père, en 984, Hammad desserra progressivement les liens de dépendance vis-à-vis de la dynastie ziride de son frère Al Mansour. Son véritable dessein était de profiter de l’éloignement d’Achir par rapport à l’Ifrikiya, pour se rendre indépendant de cette autorité lointaine et de transmettre ce pouvoir à ses fils.

En 984 il resta dans son palais d’Achir Mais dès 1007 il déménagea pour le palais forteresse qu’il avait fait bâtir, un peu plus vers l’est, sur le flanc sud de la chaîne du Hodna, au nord-est de M’Sila. Il en fit sa capitale qui prit tout simplement le nom de Kalaa Beni Hammad. En 1014 il se déclara indépendant du pouvoir ziride de Kairouan ou de Mahdia. Il abandonna également la calife fatimide et le chiisme pour reconnaître la légitimité du calife abbasside de Bagdad et de l’orthodoxie sunnite. Son frère Al Mansour ne réagit pas ; le calife fatimide non plus.

Mais la situation changea à la mort d’Al Mansour. Badis ibn Mansour, son fils et successeur vint en 1015 mettre le siège devant la Kalaa de son oncle Hammad. Mais il mourut en 1016 sans avoir pu s’emparer de la ville. Hammad avait vraiment gagné son indépendance car le successeur, Al Muizz ibn Badis n’avait que 8 ans et son entourage lui conseilla de mettre fin à l’expédition. Devenu adulte, Al Muizz ne tenta rien contre son grand oncle.

Le Titteri était donc devenu une province marginale du royaume Hammadide qui, vers l’est englobait tout le Constantinois. La frontière entre les royaumes « cousins » ziride et hammadide courait, du sud au nord, de Tébessa à Bône. A vrai dire seul le nord du Titteri appartenait au royaume hammadide. Plus au sud les steppes et les monts des Ouled Naïl restaient le domaine de tribus zénètes sans autre maîtres que leurs chefs traditionnels.

Mais au milieu du XIè siècle la situation fut bouleversée par deux interventions extérieures.

Au sud commencèrent, en 1051, les invasions d’Arabes bédouins venus d’Egypte. Elles atteignirent d’abord les Monts de l’Atlas saharien et presque aussitôt les steppes. Il en sera question dans le paragraphe suivant.

Au nord ce sont les Almoravides venus du Maroc, qui entamèrent la conquête du Maghreb central. Après les campagnes de Yusuf ibn Tachfin, le Titteri des Hammadides avait perdu, vers 1080, toute la région de Médéa ainsi que la côte avec Djazaïr (Alger) et le Zaccar avec Miliana. (voir croquis).

Non seulement le Titteri avait perdu son indépendance ; mais il était partagé entre deux royaumes

On peut noter qu’aucun de ces souverains étrangers ne se maintint longtemps au pouvoir, car ils furent tous deux balayés par les Almohades qui firent l’unité de toute l’Afrique du nord, ainsi que du sud de l’Espagne, en 1162. Cette date est aussi emblématique du sort futur du Titteri, et de tout le Maghreb central : la dépendance vis-à-vis de conquérants extérieurs : de 1162 à 1962 cela fait 800 ans de dépendance « tout rond »

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