dimanche 8 mars 2009

Le Titteri d’Abd el-Kader : 1835-1847

Abd el-Kader n’est ni né , ni décédé dans le Titteri : il est né près de Mascara et meurt à Damas. Mais il a beaucoup parcouru les diverses régions du Titteri. De 1835 à 1847, il a énormément compté pour les tribus du Titteri, et le Titteri a énormément compté pour lui dans sa lutte contre l’installation de la France et des Français.

Le Titteri était au centre géographique de l’émirat qu’Abd el-Kader s’était constitué à partir du traité Desmichels de 1834 ; et qui s’étirait de Tlemcen à Sétif, avec même une antenne éphémère vers Biskra. Le nord du Titteri, avec Médéa, fut le point de départ des combattants du Djihad qu’il lança sur la Mitidja le 20 novembre 1839. Quatre ans plus tard c’est bien dans le sud du Titteri, celui des steppes, qu’il subit sa première grave défaite, avec la perte de sa smalah près de l’oued Touil.

Durant ces 12 années le Titteri appartint tout à la fois à l’histoire d’Abd el-Kader et à l’histoire de France. Néanmoins dans le paragraphe ci-dessous, je ne traiterai pas des circonstances de la conquête ou de la création des villes et villages par la France. Je réserve cet aspect de notre histoire à la deuxième partie de ce travail ; celle qui sera consacrée aux monographies des principales localités.

En 1830, lorsque les Français « montent » à Médéa pour la première fois, et pour peu de temps, Abd el-Kader et son père viennent de rentrer d’Arabie où ils étaient partis en pèlerinage en 1827. Le père était mokadem (responsable religieux) de la confrérie des Kadriya. Autant dire qu’Abd el-Kader était né dans une famille musulmane très religieuse et très attachée au respect et à la défense de l’Islam, dans sa version sunnite malékite. Au début de 1832 il partage les ambitions de son père qui aurait bien aimé combattre contre trois groupes étrangers : les Turcs, les Koulouglis présents en force à Tlemcen, et les Français installés à Oran ; d’autant que les Français ne se contentent pas d’Oran et qu’ils nouent des alliances avec d’anciennes tribus makhzen de la région. Abd el-Kader et son père vivent le plus souvent à Mascara.

Le 21 novembre 1832 trois tribus de la plaine des Eghris, près de Mascara, après avoir hésité entre le père et le fils, choisissent le fils pour être le sultan auquel on confiera la mission de chasser les infidèles et de punir leurs « collaborateurs ». En effet il y eut toujours, du tout début à l’extrême fin, des algériens qui choisirent le parti de la France. Hadj Abd el-Kader ould Madhi el-Din (c’est son nom complet: hadj rappelle qu’il a fait le pèlerinage de La Mecque et ould signifie fils de) refusa le titre de sultan qui aurait pu contrarier le sultan du Maroc et choisit, entre autres titres, celui d’ Emir el Mouminin (émir des croyants).

Son premier succès est d’ordre diplomatique. En effet le Général Desmichels commandant à Oran, accepta, le 26 février 1834, de signer un texte de paix proposé par Abd el-Kader. Sans l’avoir compris Desmichels venait d’élever Abd el-Kader au rang de souverain. Il admettait aussi qu’ Abd el-Kader puisse acheter des armes transitant par les ports tenus par les Français. L’émir el Mouminin eut désormais les mains libres pour s’armer et régler ses comptes avec les tribus rivales ; et imposer à toutes le paiement des impôts traditionnels

Aucun commentaire: