A proximité se trouvaient les ruines romaines de Rapidum (ou Sour Djouab)
Seuls les archéologues patentés peuvent imaginer, en regardant ce champ de pierres dressées, l'allure qu'avait cette toute petite ville de vétérans de la province de Maurétanie Césarienne. La colonie de vétérans avait succédé à un Castra Rapida qui avait été créé en 122 sous Hadrien pour une cohorte de 600 soldats, peut-être venus de Sardaigne à l'origine, et abandonné moins d'un siècle plus tard, la sécurité de cette voie reliant Tirinadi (Berrouaghia) à Auzia (Aumale) paraissant assurée.
Le site fut fouillé en 1912 et surtout en 1927 par Albertini, puis en 1951 par mon professeur d'histoire à Bugeaud, Marcel Leglay ; jamais par Masqueray.
Si vous avez remarqué sur la carte Michelin deux fois le symbole signalant des ruines proches appelées Rapidi et Sour Djouab, c'est une erreur. Rapidum, Rapidi ou Sour Djouab sont les trois noms utilisés pour désigner le même champ de ruines. Contrairement à Timgad, Djemila ou Tipaza, Rapidum ne devint jamais un lieu touristique et il n'y eut pas d'hôtel à Masqueray ; juste un café.
Stéphane Gsell (ou Hakimia)
Ce village sera le village sinistré de mon travail, car autant il est facile de trouver des informations sur la personne de Stéphane Gsell, autant il est difficile d'en trouver sur le village : le guide Michelin l'ignore et le guide bleu paraît le confondre avec Souagui qui n'est pas un centre de colonisation. Heureusement qu'il est mentionné par toutes les cartes ; sinon on pourrait douter de son existence.
Son nom a pour origine le patronyme d'un archéologue passionné par l'étude des ruines romaines, de toutes tailles, éparses dans toute l'Algérie.
Stéphane Gsell est né à Paris en 1864 dans une famille alliée à celle de Louis Pasteur. Il fut un brillant élève qui intégra l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm et en sortit agrégé d'histoire tout comme Masqueray. Il fut ensuite nommé à Rome.
Il arriva à Alger en 1890, non comme professeur de lycée, mais comme professeur à l'Ecole supérieure des Lettres que Masqueray avait créée à Alger en 1880. Pendant 4 ans Masqueray fut donc le chef de Stéphane Gsell.
Le jeune professeur dépassa son directeur d'Alger car il finit sa carrière à Paris avec une double casquette associant deux postes prestigieux : Inspecteur des Antiquités et Musées d'Algérie,
Professeur au Collège de France.
Au Collège de France on avait créé pour lui la chaire d'Histoire de l'Afrique du Nord.
Il ne resta donc pas à Alger jusqu'à l'âge de la retraite. Mais il y revint tous les ans en mission de fouilles qu'il conduisit de façon scientifique, s'efforçant de faire le tour de tous les sites et de déchiffrer les inscriptions trouvées sur les monuments ou sur de simples pierres gravées ; à commencer par les bornes milliaires comme celle donnant la distance de Rapidum à Auzia.
Entre 1893 et 1928 il a publié de nombreux livres sur l'Algérie dans l'Antiquité. Ses deux ouvrages majeurs sont : en 1911 un Atlas archéologique de l'Algérie,
de 1913 à 1928 une Histoire ancienne de l'Afrique du Nord en huit volumes.
Il fut le principal archéologue de l'Algérie. L'Algérie a récompensé ce travail de toute une vie en donnant son nom à - un musée à Alger ( Antiquités romaines et Art musulman)
- un lycée à Oran
- un village de colonisation dans le Titteri
- un pénitencier agricole !
Le pénitencier était à 2 km de Berrouaghia sur la route du futur village de Stéphane Gsell. Je connais la date de création du pénitencier (1879), absolument pas la date de fondation du village. Il est sûr qu'il a été créé entre 1908 et 1927. C'est vague : si un lecteur a des précisions à apporter, B.Venis et moi sommes preneurs. Je pense que la date de 1933 trouvée parfois est celle du choix d'un nouveau nom pour un centre plus ancien, Stéphane Gsell étant décédé à Paris en 1932. Ca ne peut pas être celle de la naissance du village.
Le village a été établi sur la route d'Aumale à Berrouaghia à 15km de Masqueray à un carrefour avec une route très secondaire reliant la départementale 20 et la RN 18 distantes de 9km. Il est à 3km à l'est du village indigène de Souagui. Il est dans la même situation que Masqueray, une plaine de montagne à plus de 850m d'altitude et encadrée par des alignements de collines boisées culminant à 1103m au sud. C'est une région de céréales et d'élevage bovin.
L'impossibilité de trouver des renseignements sur le devenir de ce centre de colonisation fait supposer qu'il n'a pas dû être plus brillant que celui de son
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