mercredi 7 janvier 2009

cheikh mohammed ben chenab (1869-1929)



Origines et Naissance :
Né le 26 octobre 1869 à Takbou, d’un père propriétaire terrien, son grand-père qui était un retraité de l’armée Ottomane en Algérie, mourût le jour même où l’Emir Abdelkader prit d’assaut la ville de Médéa aux environs de 1840, et fût enterré à Chlef laissant son fils Larbi âgé de 14 ans.
Sa mère est issue d’une grande famille bourgeoise, elle est la fille de Bachtarzi Ahmed Tobdji, chef de la tribu Righa entre Médéa et Miliana.

Enfance :
Il fût éduqué par ses parents, et était même leur préféré grâce à sa droiture et sa grande vertu.
Son père l’envoya avec son frère Ahmed, apprendre le Coran dans la Medersa que dirigeait Cheikh Ahmed Bourmak, puis apprit le français à l’école primaire de Médéa, et ensuite au lycée où il excella dans toutes les disciplines (histoire, géographie, langue française, philosophie et calcul …) mais ne s’arrêta plus jamais là.

Voyager pour étudier :
Il voyagea seul de Médéa à Alger en 1886 et s’inscrit à l’Ecole Normale de Bouzerréah, d’où il sortit professeur de français en plus d’un diplôme de menuiserie obtenu en parallèle, car le régime de l’école obligeait les étudiants à élire un métier, et il eût son diplôme en 1888 alors qu’il n’avait que 19 ans.
Le 1er octobre 1888, il fût nommé enseignant au bureau officiel du village (Sidi Ali Tamdjert) près de Médéa, où il enseigna jusqu’en 1892, année où il fût muté à Alger à l’école Cheikh Ibrahim Fateh avec en prime, un logement de fonction.
Malgré la profession pénible qu’il exerçait, il restât toujours attaché à acquérir de plus amples connaissances, il s’inscrit alors de nouveau à l’Ecole Normale pour apprendre l’italien, en sus d’autres disciplines professées par le Cheikh Abdehalim Ben S’maya, se vit obtenir les meilleures distinctions dans les sciences dites traditionnelles, et eût enfin son diplôme de lettres arabes de l’Université Française d’Alger le 19 juin 1894.
En 1896, il prit part à la classe de Baccalauréat et obtint son premier certificat, puis s’apprêtant à passer l’examen final du second degré, il fût atteint de lèpre, maladie qu l’empêcha de continuer son ascension, mais dès sa guérison, il entreprit des cours d’espagnol, d’allemand et de latin, dans lesquels il surprit tout le monde, s’attacha à son professeur «Vayna » qui lui apprit le persan, fît la connaissance d’un rabbin israélite, apprit l’hébreu, et devint un véritable et excellent polyglotte.
En 1898, le 08 mai, l’Académie le nomma professeur à la Kettania de Constantine en remplacement du Cheikh Abdelkader Lemdjaoui.
Cheikh Ben Chenab y enseigna les sciences de la langue et des lettres arabes ainsi que le Fiqh (droit musulman), et y resta jusqu’au 19 janvier 1901, date à laquelle il fût désigné comme professeur au lycée Thaâlibya d’Alger.
Après deux ans, il épousa la fille du Cheikh Kaddour Ben Mahmoud Ben Mostefa, second imam de la grande mosquée le 15 novembre 1903, et eût de ce mariage neuf enfants dont quatre filles.
En 1904, il fût chargé d’étudier « Sahih El Boukhari » (l’encyclopédie du Hadith) à la mosquée « Safir » d’Alger, et en 1908 il fût promu conférencier à l‘université, et commença une nouvelle étape de notoriété, car il entreprit des correspondances avec les grands de son monde, tels que Ahmed Taïmour Pacha d’Égypte, le grand savant de Tunis Hassan Hosni Abdelwahab, et des orientalistes comme « Godera », « Nagrifi » et autre « Cratchovski » …
En 1920, l’Académie des Sciences de Damas l’élit membre en son sein, et il continua à publier dans sa revue scientifique ses recherches linguistiques, historiques et littéraires, et la même année les grands professeurs de l’Université d’Alger le pressèrent de présenter une thèse de doctorat, chose qu’il ne fit qu’après grande insistance, en présentant deux grands volumes, l’un sur le poète des Abbassides « Abû Dulama », et l’autre sur les mots d’origine turque et persane dans l’arabe des indigènes d’Algérie.
En 1924, il fût nommé officiellement professeur à la Grande Faculté des Lettres d’Alger en remplacement du professeur « M.Kolin », et quitta définitivement le lycée « Thaâlibya » où il enseigna pendant 23 années.
Il forma toute une génération et se lia d’amitié avec un grand nombre, à un point tel que, ses cours étaient suivis par un public de différentes classes, cette même année, il fût élu à Paris membre actif de l’Académie des Sciences Coloniales.

Maladie et décès :
Il fût atteint d’une maladie que les médecins n’ont pu combattre, interné à l’hôpital « Mustapha Pacha » pendant un mois, il décéda le 05 février 1929, et fût enterré le lendemain à l’âge de 60 ans, son dernier cours –ironie du sort- fût consacré à l’étude de deux vers du grand poète arabe Abû El Alaâ El Maârri, parlant de ce que pourrait contenir justement … une tombe !
Ses funérailles furent à la dimension et à la popularité de l’homme, y assistèrent Recteur et Vice-recteur de l’université d’Alger, Directeur des affaires des nationaux, l’adjoint au Gouverneur Général, Recteurs et professeurs de toutes les facultés, et l’ont accompagné du jardin de « Saint Eugène » au cimetière de « Sidi Abderrahmane Thaâlibi ».

Ouvrages :
Cheikh Ben Chenab nous légua une bibliothèque de plus de 50 ouvrages, dans les différentes disciplines.
Il traduisît au français la lettre de l’imam El Ghazali relative à l’éducation, publiée dans la Revue Africaine en 1901, après en avoir traduit une similaire en 1897.
En histoire et biographie, il publia plusieurs titres dont la « Moquaddima » d’Ibn El Abbar conjointement avec l’orientaliste « Bill » en 1918.
Il réédita le « Livre du jardin des savants et saints de Tlemcen » d’Ibn Meriem El Mediouni, publié en 1908 à Alger, ainsi que « la connaissance des savants de Béjaïa » d’abulabbas Ahmed El Ghobrini, en plus d’un ouvrage sur l’histoire des hommes ayant cité le « Sahih d’El Boukhari » publié » en français en 1905 à Alger, et réédita « les classes des oulémas de l’Ifriqiya » d’Abul Arab, et « les classes des oulémas de Tunisie » de Mohammed Tamimi.
Dans le domaine des langues et lettres, il nous laissa aussi « Tohfat El Adab » publié à Alger en 1906, et publia en 1924 le dictionnaire arabe français d’Ibn S’dira en omettant d’y apposer sa signature ( !) et entama le dictionnaire français du même auteur, mais la mort l’en empêcha
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